Protégez votre guitare

L’apprentissage

réflexions partagées par la profession

Nous sommes nombreux à recevoir de la part de jeunes et moins jeunes des demandes pour un contrat d’apprentissage. Ces demandes arrivent plusieurs fois par semaine, et nous n’avons pas toujours le temps et l’énergie de répondre à tous, d’où la présente et collégiale réponse.
Pour qu’un luthier puisse prendre un ou une apprenti(e), plusieurs critères doivent être réunis : le critère humain, le critère économique et productif, et le critère technique.

L’humain
Un artisan, luthier qui plus est, c’est une personne ouverte à la rencontre avec ses clients mais qui va aussi être seul à l’ouvrage pendant de longues heures. Pour transmettre un savoir-faire aussi vaste que la lutherie guitare, l’artisan doit avoir une réelle fibre pédagogique, mais aussi être en face d’une personne qui corresponde à son caractère et ses humeurs. Ce genre d’alchimie n’est pas chose facile à rencontrer et un démarchage par mail ou téléphone n’y aide pas du tout.

L’économique 
Un apprenti a un coût, important la première année, légèrement moindre la 2ème. Le temps passé à expliquer, définir, montrer, le temps de l’erreur, celui de l’à-peu-près, du presque bien puis du bien… Tout cela va peser fort dans l’équilibre économique de l’atelier. Pour pouvoir amortir ce temps normal d’apprentissage, l’artisan doit avoir un carnet de commandes qui se renouvelle, un parc d’instruments à réparer. Cela demande encore du temps de démarchage en salon ou en concert. Combiné au coût réel sur la fiche de paie, cela a un poids non négligeable sur le bilan financier de l’activité de l’artisan : celui-ci doit donc avoir une très bonne assise comptable.

 

Les techniques de bases du métier 

En lutherie, l’apprenti va devoir mettre en pratique les savoir-faire des métiers du bois, de la carrosserie, de l’électronique, de la mécanique générale, de la logistique de stock, de la communication, de la vente ainsi que la gestion d’entreprise. Il est fortement conseillé d’avoir déjà des compétences pour pouvoir permettre à l’artisan de peser la viabilité du projet proposé.

Perspective du métier de Luthier guitare 

Ce métier est très attrayant, surtout à une époque ou un revival des métiers de l’artisanat d’art se fait sentir, mais la réalité professionnelle est un peu loin des images d’Épinal liées au métier de la lutherie.

Sur certaines zones de chalandises le nombre d’ateliers et d’artisans est bien supérieur à la demande ce qui poussent certains à avoir des tarifs et des pratiques techniques mettant toute la profession en danger.

On estime à ce jour entre 400 et 500 TPE sous le code NAF 3220Z (fabricant d’instruments de musique) dont l’activité est concentrée sur la réparation/restauration/fabrication de guitares, de basses,  d’amplis et d’effets. Début 2000, on comptait une centaine d’ateliers. La population de luthiers a donc été multipliée par plus de 4 en moins de 20 ans. De plus, on estime à une centaine la fermeture de certains de ces ateliers créés depuis 2000.

La formation et l’information 

Chaque luthier en activité a mené son parcours initiatique spécifique, au gré de son parcours individuel, de ses rencontres et affinités, de son caractère. Il y a les parcours diplômants spécialisés qu’il est facile d’identifier, il y a les filières parallèles (ébénisterie, etc.), il y a l’exploration personnelle…

Élargissez votre recherche à tous les magasins de musique, allez rencontrer les luthiers sur les salons, (en respectant leur temps de disponibilité, bien sûr) et n’hésitez pas à envisager une orientation parallèle, musicale, technique, scientifique, etc. en attendant de pouvoir éventuellement aborder ce métier difficile.

Difficile et pour autant passionnant : la réussite d’un projet en lutherie guitare demande de la perspicacité, une bonne lecture  des motivations profondes qui nous orientent, une détermination sans faille, et un goût prononcé pour la rencontre, l’écoute et l’échange.

Témoignages
Cette section s’enrichira au fil du temps de par les expériences concrètes que voudront bien partager les luthiers